Le cadre était génial (jardin ombragé, repas et nuit au même endroit, patron et serveuse aux petits soins, fraîcheur matinale et bruit de la basse-cour pour accompagner notre p’tit dej’…) mais la nuit ne fut pas si bonne avec la literie un peu déglinguée. Au moins on n’a pas eu trop chaud et on ne s’est pas fait piquer…
La journée a été longue. Nous sommes passées par tous les états : du rien, du bien être, du stress, des coups de flip… Mais revenons en au début !
Petit déjeuner pas très bon jusqu’à l’arrivée de l’ananas magique qui nous a apporté sucre et joie en ce début de journée.
En zem, en route pour l’usine de séchage des fruits tropicaux. Un peu de négoce et nous entrons chez le fournisseur d’Artisan du Monde ©. Quel choc, quelle organisation !! Tout ça est bien loin du Congo ! En effet, 40 personnes qui choisissent, pèlent, épluchent et coupent des ananas dans une hygiène quasi-totale sous les ordres d’ingénieurs agroalimentaires qui connaissent leur métier. Enfin… on imagine car l’usine est en stand-by faute d’eau. Nous en profitons tout de même pour faire quelques petits achats.

Ananas qui attendent l'eau pour être transformés
C’est reparti pour le zem (sacs à dos entre les jambes du chauffeur, c’est bien plus confortable !) On commence à apprécier ce moyen de transport surtout que la journée nous emmènera à en apprécier d’autres !
Bohicon rime avec animation, tendance à l’oppression et à vos sacs, faites attention !
A 7 dans une 505, on est presque à l’aise… Enfin, en cette fin de journée, on sait maintenant que chaque voyage en taxi brousse regorge de surprises… Celui-ci : voisin enroulé dans son costume en laine de poule qui prend toutes ses aises, une odeur nauséabonde d’essence qui nous tourne le cœur, un autre voisin qui commence son strip-tease sous l’effet de la chaleur…
Sur la route, les paysages changent. Après la savane arborée, on découvre une atmosphère plus sèche et des collines rocheuses.
A l’arrivée à Dassa, les étales se multiplient sur les bords de la route, présentant de grands tubes en plastique remplis de produits blancs. A priori pas de la dope, d’après notre voisin de la farine, d’après le guide du tapioca. A chaque étale le nom du propriétaire (exclusivité féminine) est inscrit sur une ardoise. Nous descendons au rond point de Dassa pour nous rendre à l’auberge. Nous y déposons nos sacs, commandons à manger et prenons un guide.
Thierry nous emmène dans la zone catholique de la ville où nous visitons l’énorme église construite en 2001 pour accueillir les nombreux pèlerins qui viennent se recueillir à la grotte de la vierge Marie. La décoration générale du site, et particulièrement les 4 statues (2 gardes romains, l’évêque et le pape), est vraiment kitch.

Puis nous nous rendons sur le site vaudou dans la colline. Accompagnés par de nombreux enfants, nous escaladons la colline pour arriver au lieu de rassemblement où se déroule le rituel des défunts. Statuettes, crânes, ossements et autres traces de sang jalonnent notre visite.

Nous prenons le temps d’observer les vues sur la ville.

Assoiffées, éreintées, nous retournons à l’auberge pour déguster fromage peul, filet de bœuf, couscous et surtout descendre 1 litre et demi d’eau (à 1300CFA (2€) la bouteille, quel luxe !). Nous décidons à cet instant là que « santé ! » se dira désormais « Possotomé » !
Vu notre état de fatigue avancé et compte-tenu d’une température extérieure proche des 45°C, nous changeons notre programme : go to Djougou !
A la sortie de l’auberge, nous prenons un taxi-brousse. On nous offre galamment le siège avant. Derrière, ils sont 4 et nos « colis » sont déposés sur un vélo. Le coffre est maintenu fermé par un élastique cassé et rénové tous les 5cm.
1ère halte : un flic demande une réorganisation du coffre sous peine d’amende. Nos sacs se retrouvent désormais sous le vélo duquel coule de la graisse.
2ème halte : nous prenons un voyageur de plus, il est muni d’une traction de camion, d’un bidon d’huile et d’une boite de conserve non fermée et pleine d’un liquide jaunâtre. Nous sommes désormais 8 avec le chauffeur, la musique bat son plein malgré nos efforts pour la baisser discrètement et les paysages défilent devant nos yeux.
Nous croisons de nombreux camions remplis de coton, des élèves habillés de beige, cahier sous le bras et marchant d’un bon pas pour se rendre à l’école, des motards avec casque intégral et doudoune de skis et des vendeurs de sacs de charbon le long des routes. Sur les bords, les sacs plastiques ont fait place aux bouts de coton et les champs sont brûlés. Nous apercevons un cycliste blanc, au milieu de nulle part, chargé comme un baudet.
3ème halte : nous ne sommes plus que 2 mais cela ne dure que deux minutes.
4ème halte : nous battons tous les records ! 11 dont le chauffeur dans une 505 pas break.
Aux haltes suivantes, nous chargeons/déchargeons. Enfin à Basila, c’est nous qui descendons. En effet, c’est le lieu de changement de véhicule. Ca palabre, ç discute. On se rend compte que nos trajets posent problèmes tant sur la distance que sur le prix.
Finalement, on nous dépose devant une voiture, nous confirmons auprès de notre ancien chauffeur, du négociateur et du nouveau chauffeur que le prix ne changera pas et qu’on ne paiera pas une deuxième fois. A nouveau, changement de programme, on se retrouve devant une 505 break. Au lieu de lister ce qui ne marchait pas, nous pouvons noter ce qui fonctionnait normalement. Alors… euh… les portes étaient bien fermées, tellement bien qu’on ne pouvait les ouvrir ni de l’intérieur, ni de l’extérieur, es fauteuils étaient encore couverts de mousses… sales et peu épaisses mais présentes, le chauffeur démarrer avec la clé !
Dans l’auto, un fou rire nous prend : le moteur fait un bruit bizarre, les essuie-glace n’ont plus de balais et sont stopper au milieu du pare-brise, celui-ci étant couvert de pètes et de fissures, un bidon plein « d’essence » se trouvait au pied de Juliette, le chauffage tournait à fond…
Mais le pire est à venir !!!
A Pénessoulou, la voiture se vide pour se remplir beaucoup plus ! Il est 18h30, il reste 50km. Nous rêvons d’un bain mais nous en sommes loin.
Sur la voiture : une montagne de sac
Dans la voiture : 12 personnes
Accrochés derrière : 2 personnes puis 4
Et sur le tout : 1 biquette vivante.
La route reprend mais très vite le moteur tousse. Le chauffeur s’arrête, j’en profite pour sortir par la fenêtre et prendre une photo. Nous rions encore mais cela ne va pas durer…

1h00 et 15km plus tard, la voiture se vide presque entièrement. Juliette a son 1er coup de flip : le chauffeur lui demande : « Où sont vos sacs ? » Et ajoute : « C’est fini ! » Là, Juliette infirme : « Non, c’est pas fini, on va jusqu’à Djougou ! » Heureusement, l’homme ne parlait que des sacs…
Nous remontons dans la voiture, la nuit est tombée mais le véhicule n’est toujours pas arrivé ! Il s’arrête 3m plus loin pour faire on ne sait quoi. Je descends pour récupérer de quoi manger et obtenir des infos. Pour les bonbons, nous laissons tomber étant donné la quantité d’enfants autour de nous (« vous allez à l’école coranique ? » nous répètent-ils…). Et pou les news, le chauffeur a disparu… 1er coup de flip d’Hélyette : il nous a abandonnées là avec sa poubelle, on est mal, on est mal…
Ouf, il revient !
La route continue, les phares marchent, c’est déjà ça ! Mais là, 2ème coup de flip d’Hélyette : sur le bord de la route, deux voitures en panne. Au milieu de la chaussée, de gens. Le taxi ralentit, les hommes nous courent après. « Ce sont des coupeurs de route ! » pense Hélyette. Mais non, l’un d’eux grimpe sur le toit, c’est un voyageur.
Un peu plus loin sur la route, la dernière passagère descend. « Il ne reste plus que nous » pense Juliette qui n’a pas entendu le voyageur sur le toit. Deuxième coup de flip de Juliette : ils peuvent nous laisser n’importe où dans la pampa, on est mal, on est mal…
Ouf ! 20h30, nous voilà au Motel du lac. On récupère nos colis et nous entrons dans le jardin. C’est un repère de Mundhélés ! On n’a pas le temps d’y réfléchir, le barman nous informe que l’hôtel est complet. Grosse dépression dans les rangs !
« Quoi ! Mais comment on va faire ? On a juste besoin d’un lit et d’une douche, vous n’avez pas ? » En insistant un peu, on obtient qu’il appelle 2 zems pour qu’il nous conduisent jusqu’à l’Auberge de la Princesse.
« Grand Standing » et repas chaud nous y attendent. Douche et au lit !!