mardi 10 avril 2007

Jeudi 1er mars 2007 : Natitingou/Pendjari

6h00 du matin précises (5h30 en fait), M. Maman et le guide Bonni sont devant l’hôtel avec le 4x4. Nous achetons du pain, laissons le président d’AGAT chez lui et prenons la route vers le parc.
Les kilomètres accompagnés de musiques africaines passent plus vite que prévu. Lentement, l’aube se lève, les paysages apparaissent. Nous traversons la chaîne de l’Atakora, parfois des gorges, souvent des collines rocheuses et très souvent des camions en panne sur le bord. La route est le lieu de tous les passages : camion transportant du gasoil ou du coton, enfants se rendant à l’école, femmes transportant toutes choses sur leur tête…

Nous arrivons à Tanguiéta, petite bourgade encore tout endormie (il n’est que 7h00) puis bifurquons sur une piste. Pendant ‘heure qui suit jusqu’à l’entrée du parc, nos yeux ne quitterons plus les décors qui défilent derrière les vitres.
L’une comme l’autre, nous pensons à Balavoine : L’Afrique qui se déroule devant nous est celle de ses chansons, celle de notre enfance. En venant sur ce continent, nous avions en tête les villages de banco et de paille, des enfants qui courent tout nus, des puits autour desquels tous les habitants se retrouvent, de la poussière et du sable et surtout cette couleur jaune/orangée, mélange de soleil et de terre sèche. Devant nos yeux, ce sont ses paysages là. C’est d’ailleurs presque un choc tant ces images paraissent intemporelles. Je crois que le plus déroutant c’est de voir les gens marcher au bord de la piste. Ils portent sur leur tête d’énormes bassines, dans leurs bras des bidons et ils marchent. Même des enfants de 4/5 ans se déplacent avec les adultes, leurs seaux sont adaptés à leur taille, mais eux aussi marchent. Inutile de demander à Bonni ce qu’ils font. L’eau est tellement vitale. Mais ici, comme ailleurs, c’est une denrée si rare.

Au bord des villages, il y a parfois des réserves de coton qui attendent les camions pour partir en ville et être sans doute exportées partout dans le monde.



Nous arrivons à l’entrée du parc : une baraque pour le côté administratif, un panneau pour informer du règlement, une barrière pour marquer l’entrée et une boutique de souvenirs. Nous sommes prêtes à entrer dans notre premier parc naturel, nous sommes enthousiastes et heureuses d’être là, même si nous ne savons pas encore si les animaux vont être au rendez-vous. Bonni nous explique que nous entrons dans la partie « chasse » du parc. Il nous indique les prix pour ramener telles ou telles carcasses (pour info, le phacochère coûte 70 000CFA (107€), le buffle 350 000F (534€))
Un peu plus loin, il nous informe que nous allons sans doute croises des babouins et des éléphants. Juliette et moi scrutons méthodiquement les arbres à la recherche du moindre singe. A chaque nœud dans une branche nous pensons voir un animal.
Soudain Bonni pile. Là, juste devant nous, à 5m, une magnifique antilope cheval. Nous croyons rêver. D’abord parce qu’on s’attendait à voir un babouin, ensuite parce que l’animal est tout prêt et surtout parce qu’une antilope c’est immense ! Le temps d’armer nos appareils, la bête s’éloigne.
Un peu plus loin, nous croisons une biche. En fait, il s’agit d’une gazelle cobe.

Nous arrivons à la mare Bali. Inutile de tout vous raconter mais nous avions l’air de vraies aventurières. A l’affût derrière nos jumelles et nos appareils, nous scrutions les environs à a recherche de la moindre feuille qui bougeait. Nous avons ainsi eu la chance de voir une lionne, une famille de phacochères, de crocodiles, de babouins, (dont Nestor le plus célèbre), de nombreuses gazelles, des buffles et les oreilles d’un hippopotame. Entre chaque apparition, nous profitons de la présence de Bonni pour nous cultiver. Nous nous renseignons sur les modes de vie, de reproduction, d’alimentation… Nous apprenons quantité de choses, entre autre que les antilopes sont herbivores et ne mangent pas les babouins (n’est-ce pas Juliette !!). L’observation n’est pas toujours facile tant les enfants à côté de nous font du bruit.
Après 2h de rencontres inoubliables, nous reprenons la route pour atteindre l’hôtel. Juliette est moi en profitons pour faire une sieste dans la voiture. Bonni, lui, est toujours à l’affût. Son travail est impressionnant, il ne quitte pas l’horizon du regard, soit sur la route, soit vers la savane. I faut observer son regard de lynx qui se tourne alternativement, repérant le moindre mouvement et parvenant à différencier une antilope bubale, d’une antilope cheval à 1km à la ronde…

Enfin, nous arrivons à l’hôtel. Nous déposons nos bagages dans notre bungalow rudimentaire et nous allons déjeuner en terrasse. Nous passons pour deux clodos avec notre pain sec et nos cocas mais à 6000F le repas, nous avons peur qu’il nous reste en travers de la gorge. Juliette écrit ses cartes pendant que je fais la sieste et que je profite de la piscine.

A 16h00, nous reprenons la piste à la recherche des éléphants et des lions. Je crois que c’est à ce moment, que j’ai droit à mon ¼ d’heure de honte. En effet, devenues de vraies exploratrices, nous croyons être capable de repérer les animaux. J’annonce donc fièrement : « Un phacochère ! C’est un phacochère ! ». Bonni répond gentiment : « quelque chose comme ça… C’est un rocher. »
Première halte, le 4x4 devant nous explique qu’il y a un lion sous l’arbre. Nous sortons les jumelles pour découvrir qu’on s’est vraiment moqué de nous puisqu’il s’agit d’une antilope !
Nous arrivons à la marre sacrée où nous nous extasions devant les hippopotames et un martin pêcheur. Nous reprenons une nouvelle fois la route, Juliette dans la voiture et moi sur le toit.
Violent coup de frein de Bonni, nous sommes face à face avec des éléphants. L’un d’eux semble vouloir nous charger et nous ne faisons pas les fières ! Encore plus lorsque nous apprenons sa vitesse de déplacement : 70km/h en sprint !!
Nous rentrons ensuite à l’hôtel, toutes les deux sur le toit en chantant des chansons et en observant le coucher de soleil. Nous sommes toutes sèches quand nous passons la porte de notre chambre, il est 19h30.
Douches, apéro et repas au milieu des mundhélés, nous sommes es deux seules à pouffer de rire. Faut dire qu’après notre délire sur le toit du 4x4 et dans le bungalow avec ma tenue « safari » et mon défilé commenté par Juliette, nous avons du mal à retrouver notre sérieux. Cette journée a été très longue mais comme chaque jour depuis le départ, nous avons l’impression d’être des Indiana Jones et d’avoir une chance inestimable d’être là.

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