lundi 16 avril 2007

Mardi 6 mars 2007 : Pays Dogon/Ouahigouya

Première mauvaise nuit du séjour ! Réveillées tôt, trop tôt (vers 3h00 du matin) alors que la lune est au zénith et que l’harmattan souffle sur la terrasse, nous ne parviendrons pas à nous rendormir dans ce froid « glacial » !! A 5h00, l’appel de la mosquée ! Allah est avec nous même si on préfèrerait qu’Il nous laisse dormir !
On finit par se lever et s’habiller à la vue de tous…

C’est à ce moment précis que nous décidons de surnommer notre chauffeur « adoré » phaco. En effet, la veille, il nous avait ravi de sa présence à table, mais le matin, nous découvrons que ce kéké de service laisse son pote Saïdou ramasser ses os laissés sous la table.
Bon, nous prenons notre petit déjeuner au milieu des antiquités dogons. Les beignets sont un vrai délice. Heureusement, parce qu’il n’y a que ça ! Enfin, on a eu pire…
Nous retournons ensuite à Enndé pour comprendre les techniques de l’indigo. Et nous voilà reparties avec un nouveau sac de souvenirs. Nous prenons la route jusqu’à Telli. C’est agréable de faire une petite promenade matinale, de profiter du soleil et du calme des pistes. Nous soufflons un instant à l’auberge locale. Saïdou s’inquiète pour la Mercedes bloquée à Enndé avec son problème de roue. Le temps de grimper une nouvelle fois la colline et de s’instruire de nouveau, nous redescendons et Saïdou décide de faire venir notre gros sac (resté dans la voiture) avec une mobylette. Nous repartons vers Bankass. Pour essayer de gagner du temps, Saïdou nous propose ce moyen de transport...Mais, le propriétaire refuse que nous le prenions...
10km après le départ matinal, nous voici au poste du pays dogon (Kani Kombolé). Là, les taxis vont arriver, d’après Saïdou. Il y a quelques problèmes : d’abord nous ne sommes pas à Bankass, ensuite, il n’y a pas de véhicule… Nous avons le temps de « visiter » la mosquée et d’apprendre qu’aux sommets des tours sont placés des œufs d’autruches (ou des imitations) car cela luit au soleil et attire les croyants.
Nous revenons vers la route de Bankass, il n’y a toujours pas de taxi mais la Mercedes est là. Dans son « immense » bonté, phaco nous propose de nous remmener jusqu’à la ville. Nous sommes prêtes à partir avec lui mais la voiture refuse de démarrer (une nouvelle fois !)
Enfin, nous voici à Bankass où c’est jour de marché. Il y a des étales partout mais ce qui nous étonne le plus, ce sont les ânes qui mangent la paille à l’abri de leur charrette. Il y en a partout !
Dans la ville, nous faisons une fois de plus sensation ! Saïdou nous cherche un moyen de transport pour Koro et tous les chauffeurs, négociateurs et autres badauds veulent nous aider. Entre temps, Juliette marche dans une « mosquée. »
Toujours pas de taxi ! Il est 12h30, nous avons rendez-vous avec Mamoudou à 14h à Koro. Saïdou nous laisse entre les mains de son « frère » qui a gardé os sous en caution. Celui-ci a la mission de nous trouver un véhicule, n’importe quoi pour atteindre Koro. Nous sommes prêtes à prendre un bus, un taxi-brousse, une moto, a voiture du maire, un camion… Mais le négociateur s’assoit dans son véhicule (qui ne peut démarrer car vide) et semble attendre qu’un chauffeur tombe miraculeusement du ciel. C’en est trop, je pars, moi-même à la recherche de quelque chose. L’homme bouge enfin ses fesse et finit par nous trouver un minibus blanc, plein à craquer. Nous nous y entassons, nos sacs sur les genoux. C’est à nouveau le fou rire en voyant l’intérieur du véhicule et les places qui nous sont réservées. Départ dans la poussière mais la route va être pire… Fenêtres ouvertes, nous sommes désormais déguisées en bédouin. Le sac est finalement monté sur la galerie et nous continuons de tirer une tête qui fait rire les passagers. A chaque halte, j’essaie de me dégourdir les pieds et c’est comme ça que je me retrouve à pousser le bus ! Ce qui fait une nouvelle fois rire les autres personnes !! Les lunettes couvertes de sable, c’est la nuit pour Juliette, elle parvient à s’endormir !
Koro, enfin !!
Débarquées du bus, les gens se jettent sur nous. Ils sont au courant de nos déboires et nous informent qu’il n’y a plus qu’un bus à 5h30. Il est 16h et nous sommes dans l’inégalité totale. Va-t-on arriver à Ouahigouya ?
Un coca/sprite et une heure d’attente plus tard, un camion chargé de zébus change sa roue devant nous. Le chauffeur est d’accord pour nous prendre. Nous voilà donc en route. Nous sommes 5 dans la cabine: le chauffeur, l'apprenti chauffeur, le propriétaire du bétail, Juliette et moi. Dans la benne, il y a 40 zébus (appelés aussi boeufs) et le surveillant, pendu dans au-dessus des bêtes. En effet, si l'un des animaux se couchent, il doit le relever pour éviter qu'il se fasse étouffer et écraser par les autres. A la frontière burkinabée, nous restons planquer. Nous ne seront jamais comment ils ont su que nous n'avions pas de visa mais nous avons eu la frousse de notre vie!


Enfin, au milieu de la nuit (vers 00h00), nous arrivons à Ouahigouya! Nous prenons quand même douche avant de nous effondrer dans le lit!

Lundi 5 mars 2007 : Ouahigouya/Pays Dogon

Nous devions enchaîner douche, poste, visite nouvel ASED, retrait d’argent et partir à 10h00 avec Mamoudou. Mais taxi plein signifie départ à l’avance ou en retard… A 8h00, nous avons donc la visite surprise du chauffeur qui est prêt et nous attend.
Finition des sacs, courses pour le petit dej’ et nous voici sur la route de Mopti.
Une heure plus tard, le minibus « flambant neuf » et rempli normalement crève ! Au milieu de nulle part, nous descendons et le changement de roue s’effectue normalement. A la frontière burkinabée nous confirmons la possibilité de rentrer une nouvelle fois sur le territoire de B. Compaoré malgré un visa une seule entrée.
Nous traversons ensuite un no man’s land d’une quarantaine de kilomètres. Notre première rencontre en terre malienne n’est ni le douanier, ni un enfant qui court en criant « Nasaara ! », ni une femme qui porte quelque chose sur sa tête, ni un écolier qui part travailler, mais un animal surprenant ! Alors que nous roulons à vive allure entre les deux frontières apparaît au milieu de la route : un dromadaire ! Nous croyions avoir fini nos découvertes avec la faune après la Pendjari mais depuis le début du voyage, nous allons de surprises en surprises.
Nous nous retrouvons au poste frontière malien. Nous n’épiloguerons pas sur cette histoire car les quelques heures dans l’inégalité n’ont pas été très paisibles.

Nous voici donc à Koro où nous avons rendez-vous avec Saïdou, le guide envoyé par Mamadou, l’ami d’Alexie. Apparemment, il a été prévenu de notre arrivée précoce mais il n’est pas là. Nous sommes assises sous « l’abri bus » à regarder Mamoudou réparer sa roue quand surgit une mobylette. L’homme qui en descend se dit venir de la part du guide mais il nous appelle Eliane. Nous n’y croyons pas et lui déclarons vouloir rester où nous sommes. Il repart et réapparaît un quart d’heure après avec un autre homme. Celui-ci nous confirme les dires du premier et pour preuve appelle Mamadou. Cela ne change rien, Saïdou n’est toujours pas là et nous commençons à nous inquiéter pour les négoces. Entre temps, le chauffer de mobylette se fait « incendier » par les autres personnes présentes sous l’abribus pour n’avoir pas dit bonjour.
Enfin, une Mercedes surgit. A son bord, un jeune homme en tenue Dogon et un « kéké » en tee-shirt moulant sans manche et chaîne en or qui brille.
Le passager le plus jeune s’avance vers nous et commence à discuter du programme. Cela nous convient, reste à voir pour le prix mais une dizaine de personnes nous tourne autour. Juliette s’éloigne avec lui tandis que je pars faire les courses pour le repas. A mon retour, Juliette est toujours en négoce. Prix de base 100 000CFA (150€), comme annoncé la veille au téléphone. Mais Saïdou ne semble pas vouloir négocier. Tous les arguments passent : le prix du véhicule, les kilomètres, les guides… Rien n’y fait, c’est 100 000 ! Juliette ne bougeant pas d’un iota, Saïdou appelle le grand chef Mamoudou qui explique que la veille, c’était 150 000 annoncé, que la voiture coûte 50000… Toujours est-il que ce prix est hors bourse. Sur ces entre faits un touriste arrive pour profiter du véhicule. Il nous déclare que le taxi jusqu’à Bankass coûte 2500Frs/personne et que dans cette cille, on peut trouver des guides à 5000/jours. En réfléchissant et en discutant, nous avons de nouveaux arguments. Finalement, alors que nous sommes prêtes à rentrer à Ouahigouya, Saïdou nous propose 75000 avec retour en taxi de Bankass. Nous signons à 70000 (110€) avec preuve écrite à l’appui. Enfin, 3h30 après notre arrivée à Koro, nous partons pour le pays Dogon !
Enfin… Pas tout à fait… car le chauffeur nous fait le coup de la panne. On se demande si on va vraiment partir… Enfin, le véhicule démarre…
Rap à fond à 100km/heure sur la piste, nous sortons notre pique nique pour le déguster. Mais deuxième crevaison de la journée… Tout le monde descend ! Vu l’état du pneu de rechange, le chauffeur décide de diminuer la vitesse. Nous arrivons à Bankass puis au pied de la falaise. Nous traversons trois villages dogons, doublant de nombreux piétons et charrettes d’ânes. Nous observons la falaise sur laquelle on voit des anciennes maisons dogons, mais aussi, dans la plaine, les nouveaux villages avec leurs mosquées en banco, les baobabs striés, les tissus qui sèchent au vent…
Nous arrivons à Enndé, où nous profitons de la pause pour souffler et faire notre mini toilette. L’auberge est pleine, nous n’y passerons pas la nuit. Dommage, car il y a l’eau courante, le groupe électrogène et la déco est de qualité. Nous partons ensuite nous promener dans le village. Saïdou nous explique les traditions, les coutumes et l’artisanat.
Nous grimpons ensuite sur la falaise, très vite le village rapetisse et l’horizon s’agrandit. Au pied de la roche, nous déambulons dans les anciennes maisons dogons, observant ça et là des débris de cérémonies funéraires ou vodous. Mais ce qui nous surprend le plus, ce sont les bruits du village. A nos pieds, Enndé est une bourgade vivante de laquelle montent toutes sortes de sons : les pillons qui frappent les céréales, le bruits des roues de charrettes sur le sol, les animaux qui meuglent, braient, hennissent…
Nous observons enfin la technique pour faire les bogolans.
Il fait presque nuit, nous partons à pied à notre hôtel.

Pas de groupe, ni l’eau courante, nous nous empressons de tendre notre moustiquaire sur le toit avant l’arrivée des moustiques et des étoiles. La douche se fait au seau, on devient des habituées dans un espace sans porte, autant dire qu’on est pas 100% à l’aise.
Viens ensuite le souper, sous les étoiles mais cette fois à la lueur d’une lampe à pétrole. Nous manquons une nouvelle fois de nous étouffer… de rire en observant nos deux comparses en train de manger… Avant tout, le menu : riz, sauce, poulet. Ensuite, il y a Saïdou qui mange de manière traditionnelle, c’est-à-dire avec les mains. Forcément, on est un peu dégoûtée de voir ses doigts recouverts de sauce, de gras et de riz… Mais le pire est notre « ami » le chauffeur qui déguste son repas en faisant toutes sortes de bruits. Il mange avec la fourchette mais c’est ignoble. Entre les slurp et les slap, il trouve le temps de cracher ses os par terre et de se barbouiller la bouche de graisse. Nous avons l’appétit coupé, on réduit la conversation et partons nous coucher.

mardi 10 avril 2007

Dimanche 4 mars 2007 : Ouaga/Ouahigouya

Levées pour le petit déjeuner avant 8h00, nous partons assister à la messe à la cathédrale. Les annonces sont toujours aussi longues, l’homélie aussi mais c’est agréable de se trouver dans la cathédrale de Ouaga. Un fou rire nous prend au moment du Notre Père. Nous faisons l’erreur de nous regarder au moment où toute l’assemblée s’attrape la main et commence à se balancer. A la fin de la célébration, nous discutons avec notre voisine qui est béninoise, venue pour vendre ses tissus pendant le FESPACO. Lorsque nous lui informons que nous retournons à Cotonou pour prendre notre avion, elle nous invite à venir dans sa boutique qui est nommé dans le Futé©. Nous parcourons ensuite la ville à la recherche d’internet, téléphone et eau. Nous achetons notre pique-nique et décidons de ne pas aller à la galerie du FESPACO, faute de temps.
Repas à la confrérie, taxi et nous voilà de retour à la gare STMB. Nous obtenons 2 places dans le minibus rempli de Mundhélés, from USA.
Le paysage est identique à celui rencontré depuis la frontière mais très loin de celui de mes souvenirs d’été 2005. Les mots « sec » et « poussiéreux » nous viennent une nouvelle fois à l’esprit.

A 17h, à l’approche de Ouahigouya, je sens un étrange sentiment monter en moi. Un an et demi que j’ai quitté ce lieu avec l’espoir d’y revenir sans être sûre de pouvoir le faire. Aux portes de la ville, je me demande si l’ASED a déménagé, si l’association est installée dans « mes » briques, si je verrai les enfants, si je reconnaîtrai Alexie, si les petits se rappelleront de moi… Les questions se chevauchent dans ma tête et les lieux que je reconnais surgissent devant mes yeux. Je me souviens tant de cette ville que j’ai peur qu’elle m’ait oubliée. J’ai passé 3 semaines de ma vie à Ouhigouya, trois semaines qui, comme lors de chaque voyage, ont un peu changé ma façon de voir le monde…

A la gare STMB, nous descendons au milieu d’une foule compacte mais je reconnais le visage d’Alexie qui nous accueille avec le sourire et la poignée de mains (+ coups de têtes !!)
Nous enfourchons les « brelles » de l’ASED, Juliette sac sur le dos avec le chauffeur et moi sans sac avec Alexie. Juliette se fait coincer dans un troupeau de zébus tandis que moi, je passe par l’ASED pour récupérer les clés de la villa. Je suis Adama « sport » dans la cour, le regard à l’affût du moindre enfant et j’entends : « Cri, cri, crac, plouf… » Les enfants n’ont pas oublié, j’en suis toute retournée. J’ai hâte de parler avec eux !
A la villa, je salue Alassane qui est toujours aussi distant au premier abord et Adama (le frère de Saïdou)
Nous nous installons dans la même chambre qu’il y a un an et demi (« Nostalgie, nostalgie !! »). Nous prenons notre douche puis retrouvons Alexie au Caïman.
A table, nous discutons de l’ASED, des nouveaux locaux, des projets pour les plus vieux, des rapports avec ASMAE, de la relation avec Chambéry (ville de jumelage). Et surtout du séjour en pays Dogon. Nous apprenons alors qu’il faut compter 100 000CFA (1525€) NEGOCIABLE !! pour 24 heures en pays Dogon. Le projet nous désenchante un peu mais nous restons mobilisées : avoir parcouru autant de kilomètres pour l’ASED, ça c’est bien, mais un peu beaucoup…
Nous disons au revoir à Alexie et rentrons à la villa, c’est Cafard’s time !!

Samedi 3 mars 2007 : Fada/Ouaga

De cette journée de transport, nous n’avons pas grand-chose à raconter. Le gérant du resto de la veille nous trouve un petit déjeuner. Puis nous prenons le taxi jusqu’à la STMB. Le bus de 10h est plein, nous attendons celui de 12h qui ne partira qu’à 13h15. Sur la route, le paysage varie peu : sec, sec, sec… Par contre, il y a beaucoup d’animaux : zébus, chèvres, ânes…
Nous arrivons à 16h30 à Ouaga, on nous trouve un taxi qui nous dépose à la fondation Dufour. Nous passons le portail et entrons dans une cour fermée où pendent des vêtements. Timidement, nos avançons, jusqu’à trouver quelqu’un… On a l’impression d’avoir fait un voyage dans le temps et dans l’espace ! En effet, nous nous retrouvons dans les années 70, en Ardèche, dans une communauté bab. On nous propose un lit à étage dans un dortoir mais nous préférons profiter de notre halte à Ouaga pour nous reposer. Nous choisissons donc de nous rendre à la fraternité, à côté de la cathédrale. Nous nous y installons, faisons notre toilette (DOUCHE !) et nous dirigeons vers un resto chic.
Le FESPACO draine beaucoup de touristes et les blancs semblent faire parti du paysage. Nous nous retrouvons ainsi dans un resto chic, sous les arbres, à côté d’une piscine. Nous y dégustons deux énormes jus d’ananas, un avocat crevette et un filet/riz. Un rêve copieux !

Vendredi 2 mars 2007 : Pendjari/Fada N’Gourma

Levées avant l’aurore, nous avons un peu moins d’entrain et de motivation que la veille. Mais dès les premiers éléphants nous retrouvons notre pep’s !! En fait, nous voyons d’abord les ravages qu’ils ont fait : ils ont tellement détruits les arbres, qui se trouvent désormais au milieu de la piste que nous devons rebrousser chemin. Juliette en profite pour descendre du toit où il fait trop froid et moi, je me mets à chanter à tue-tête dans la savane.
Presque blasées, nous observons la même faune que la veille. La pause à la marre Bali est beaucoup plus agréable. Le calme et le silence sont synonymes de sérénité et nous ne nous lassons pas des hippo flemmards, des phaco avec leurs fesses en l’air et des troupeaux de buffles sortis d’une pub pour le riz de Camargue « Taureau ailés ».
Après, nous « siestons » dans le 4x4 jusqu’à l’entrée du parc où nous effectuons photos et achats. Nous embarquons des villageois et nous faisons route jusqu’à la cascade de Tanougou.

Là, le rêve ! On se croirait dans un film. Après le change difficile, nous allons nous baigner sous la cascade : un vrai bonheur !!

A Tanguiéta, Bonni (« and Clyde », on l’a fait pendant 2 jours, fallait bien l’écrire), nous met dans un taxi brousse avec du pain et des sardines pour aller jusqu’à la frontière.
Nous battons un nouveau record en montant à 4 devant !! Si, si, c’est possible, bon inutile de vous dire que le passage des vitesses et assez difficile !!
A la frontière béninoise, nous déconnons avec les policiers. En partant, nous continuons notre campagne électorale en leu faisant un signe de la main. Nous traversons ensuite un no man’s land d’une dizaine de kilomètres où, une fois encore, l’impression d’être inconsciente nous vient à l’idée. En effet, le taxi tombe en panne au milieu de nulle part, nous ne savons même pas si c’est le Bénin ou le Burkina t nous avons un peu peur d’être coincées à la frontière sans moyen de transport jusqu’à Ouaga. Ouf ! La frontière apparaît ! Mais nous devons la traverser à pied en poussant le taxi qui a des problèmes d’embrayage. Le douanier nous donne son numéro de téléphone et nous repartons jusqu’à la ville ! Là, on nous installe sur un banc pour attendre le taxi. Nous observons les gens et nous arrivons à la conclusion que nous avons bien passé la frontière : Bénin et Burkina semblent bien différent. Les enfants d’abord, ils ont l’air livré à eux même. Au Bénin, nous avons très peu vu de mendicité, ici, c’est la première chose qui nous frappe. Ensuite, nous avons l’impression que les habitants vivent dehors. Au Bénin aussi, il y avait de l’animation ans la rue, mais ici les gens avalent leur bouillie en plein air. Enfin, la façon de se dire bonjour semble plus respectueuse : le plus jeune des deux tend sa main droite et attrape son avant-bras avec sa main gauche en faisant une petite courbette.
Après une heure d’attente (heureusement, il y a le changement d’heure entre les deux frontières), nous retrouvons un taxi-brousse (minibus) à bord duquel nous nous entassons à 24. Il y a des montagnes de sacs sur le toit et le contrôleur grimpe de partout et passe par les fenêtres alors que le véhicule roule. Face à nous, une femme, sans doute Peule, porte sur ses genoux sa fille. Il est difficile de ne pas la dévisager tant elle paraît différentes des autres femmes. Ses cheveux sont noués dans un foulard, elle porte une étole de toutes les couleurs dont elle se sert pour couvrir ses cheveux ou l’enfant. 5 tresses sortent de sa coiffe de chaque côté du visage. Au bout de celles-ci pendent des pièces françaises de 5 ou 10Frs (les très grosses en argent). A son cou, de nombreux colliers. A ses bras, deux gros bracelets en argent. Mais ce qui nous perturbe le plus, c’est de voir sa fille de 1 an ½ environ cherchait sous la tunique de sa mère pour trouver les seins et les téter comme des mamelles.
Le trajet jusqu’à Fada N’Gourma est long, très long. Sur la fin du trajet, os voisins égaillent un peu la route en parlant en mooré sur nous et nous faisant semblant de les comprendre.

Arrivées à Fada, on nous propose de dormir à la STMB… On est rout’s mais pas trop quand même : attendre 10h le bus de 6h du matin en pleine gare routière, NON merci !!
Hôtel sans prétention ni eau mais repas peu cher et copieux. Au lit !

Jeudi 1er mars 2007 : Natitingou/Pendjari

6h00 du matin précises (5h30 en fait), M. Maman et le guide Bonni sont devant l’hôtel avec le 4x4. Nous achetons du pain, laissons le président d’AGAT chez lui et prenons la route vers le parc.
Les kilomètres accompagnés de musiques africaines passent plus vite que prévu. Lentement, l’aube se lève, les paysages apparaissent. Nous traversons la chaîne de l’Atakora, parfois des gorges, souvent des collines rocheuses et très souvent des camions en panne sur le bord. La route est le lieu de tous les passages : camion transportant du gasoil ou du coton, enfants se rendant à l’école, femmes transportant toutes choses sur leur tête…

Nous arrivons à Tanguiéta, petite bourgade encore tout endormie (il n’est que 7h00) puis bifurquons sur une piste. Pendant ‘heure qui suit jusqu’à l’entrée du parc, nos yeux ne quitterons plus les décors qui défilent derrière les vitres.
L’une comme l’autre, nous pensons à Balavoine : L’Afrique qui se déroule devant nous est celle de ses chansons, celle de notre enfance. En venant sur ce continent, nous avions en tête les villages de banco et de paille, des enfants qui courent tout nus, des puits autour desquels tous les habitants se retrouvent, de la poussière et du sable et surtout cette couleur jaune/orangée, mélange de soleil et de terre sèche. Devant nos yeux, ce sont ses paysages là. C’est d’ailleurs presque un choc tant ces images paraissent intemporelles. Je crois que le plus déroutant c’est de voir les gens marcher au bord de la piste. Ils portent sur leur tête d’énormes bassines, dans leurs bras des bidons et ils marchent. Même des enfants de 4/5 ans se déplacent avec les adultes, leurs seaux sont adaptés à leur taille, mais eux aussi marchent. Inutile de demander à Bonni ce qu’ils font. L’eau est tellement vitale. Mais ici, comme ailleurs, c’est une denrée si rare.

Au bord des villages, il y a parfois des réserves de coton qui attendent les camions pour partir en ville et être sans doute exportées partout dans le monde.



Nous arrivons à l’entrée du parc : une baraque pour le côté administratif, un panneau pour informer du règlement, une barrière pour marquer l’entrée et une boutique de souvenirs. Nous sommes prêtes à entrer dans notre premier parc naturel, nous sommes enthousiastes et heureuses d’être là, même si nous ne savons pas encore si les animaux vont être au rendez-vous. Bonni nous explique que nous entrons dans la partie « chasse » du parc. Il nous indique les prix pour ramener telles ou telles carcasses (pour info, le phacochère coûte 70 000CFA (107€), le buffle 350 000F (534€))
Un peu plus loin, il nous informe que nous allons sans doute croises des babouins et des éléphants. Juliette et moi scrutons méthodiquement les arbres à la recherche du moindre singe. A chaque nœud dans une branche nous pensons voir un animal.
Soudain Bonni pile. Là, juste devant nous, à 5m, une magnifique antilope cheval. Nous croyons rêver. D’abord parce qu’on s’attendait à voir un babouin, ensuite parce que l’animal est tout prêt et surtout parce qu’une antilope c’est immense ! Le temps d’armer nos appareils, la bête s’éloigne.
Un peu plus loin, nous croisons une biche. En fait, il s’agit d’une gazelle cobe.

Nous arrivons à la mare Bali. Inutile de tout vous raconter mais nous avions l’air de vraies aventurières. A l’affût derrière nos jumelles et nos appareils, nous scrutions les environs à a recherche de la moindre feuille qui bougeait. Nous avons ainsi eu la chance de voir une lionne, une famille de phacochères, de crocodiles, de babouins, (dont Nestor le plus célèbre), de nombreuses gazelles, des buffles et les oreilles d’un hippopotame. Entre chaque apparition, nous profitons de la présence de Bonni pour nous cultiver. Nous nous renseignons sur les modes de vie, de reproduction, d’alimentation… Nous apprenons quantité de choses, entre autre que les antilopes sont herbivores et ne mangent pas les babouins (n’est-ce pas Juliette !!). L’observation n’est pas toujours facile tant les enfants à côté de nous font du bruit.
Après 2h de rencontres inoubliables, nous reprenons la route pour atteindre l’hôtel. Juliette est moi en profitons pour faire une sieste dans la voiture. Bonni, lui, est toujours à l’affût. Son travail est impressionnant, il ne quitte pas l’horizon du regard, soit sur la route, soit vers la savane. I faut observer son regard de lynx qui se tourne alternativement, repérant le moindre mouvement et parvenant à différencier une antilope bubale, d’une antilope cheval à 1km à la ronde…

Enfin, nous arrivons à l’hôtel. Nous déposons nos bagages dans notre bungalow rudimentaire et nous allons déjeuner en terrasse. Nous passons pour deux clodos avec notre pain sec et nos cocas mais à 6000F le repas, nous avons peur qu’il nous reste en travers de la gorge. Juliette écrit ses cartes pendant que je fais la sieste et que je profite de la piscine.

A 16h00, nous reprenons la piste à la recherche des éléphants et des lions. Je crois que c’est à ce moment, que j’ai droit à mon ¼ d’heure de honte. En effet, devenues de vraies exploratrices, nous croyons être capable de repérer les animaux. J’annonce donc fièrement : « Un phacochère ! C’est un phacochère ! ». Bonni répond gentiment : « quelque chose comme ça… C’est un rocher. »
Première halte, le 4x4 devant nous explique qu’il y a un lion sous l’arbre. Nous sortons les jumelles pour découvrir qu’on s’est vraiment moqué de nous puisqu’il s’agit d’une antilope !
Nous arrivons à la marre sacrée où nous nous extasions devant les hippopotames et un martin pêcheur. Nous reprenons une nouvelle fois la route, Juliette dans la voiture et moi sur le toit.
Violent coup de frein de Bonni, nous sommes face à face avec des éléphants. L’un d’eux semble vouloir nous charger et nous ne faisons pas les fières ! Encore plus lorsque nous apprenons sa vitesse de déplacement : 70km/h en sprint !!
Nous rentrons ensuite à l’hôtel, toutes les deux sur le toit en chantant des chansons et en observant le coucher de soleil. Nous sommes toutes sèches quand nous passons la porte de notre chambre, il est 19h30.
Douches, apéro et repas au milieu des mundhélés, nous sommes es deux seules à pouffer de rire. Faut dire qu’après notre délire sur le toit du 4x4 et dans le bungalow avec ma tenue « safari » et mon défilé commenté par Juliette, nous avons du mal à retrouver notre sérieux. Cette journée a été très longue mais comme chaque jour depuis le départ, nous avons l’impression d’être des Indiana Jones et d’avoir une chance inestimable d’être là.