jeudi 29 mars 2007

Mercredi 28 février 2007 : Djougou/Natitingou

Nous déjeunons sur la terrasse de la princesse, remplissons nos gourdes à ras bord et partons pour visiter Djougou. En zem s’il vous plait ! On est devenues des pros. Ils nous déposent devant une pharmacie et nous errons jusqu’à une mosquée où on trouve un guide. Celui-ci nous promène dans les ruelles. Les enfants nous suivent en criant « blancs, blancs ! » dans leur langue. Bientôt, toute la ville semble être à nos côtés. Nous pensons ne rien découvrir et finalement, j’achète un bracelet et nous visitons la forge.
Le travail du métal nécessite plusieurs travailleurs e différentes étapes. D’abord, un ouvrier agite le feu grâce à un soufflet. Un deuxième place des pièces de 100frs sac plastique compris dans un petit canari. Celui-ci va ensuite dans les braises. Lorsque le tout est fondu, le deuxième ouvrier récupère le liquide et le fait couler dans un moule. Puis démoule pour donner la tige de fer à l’orfèvre qui sculpte et réalise les bijoux.
Après la petite visite, nous reprenons zem et taxi-brousse jusqu’à Kopargo.

Nous enfourchons à nouveau 2 zems pour nous rendre à Taneka-Koko. Le voyage se passe sans encombre pour moi. Juliette a plus de mal sur sa mobylette avec les accélérations, les bosses et les trous. Le paysage est très sec et rocailleux. De temps en temps, nous croisons des villageois à pied, à vélo, nous observons les villages accrochés aux montagnes.

Juliette sur son zem

Arrivées à Taneka-Koko,



commence un vrai spectacle. Les deux zems nous déposent au centre du village, sur une place avec un grand arbre. Au pied, sur les racines : trois hommes allongés. L’un d’eux se lève et tente de nous expliquer que les vrais guides sont absents mais que lui veut bien nous aider.
Nous commençons à négocier. Toutes es propositions passent par le « président » qui ne bougera pas des racines pendant la conversation. La situation est vraiment comique ! D’abord, le « président » semble nous ignorer, il parle français mais passe par ses « ministres » pour s’adresser à nous. Ensuite, les prix annoncés sont démentiels. En effet, nous partons de 10000CFA (15€) pour finir à 1500CFA (2,3€) ! Enfin, on passe pour des cinglés à vouloir visiter le village seules et sans passer par la grotte, splendeur du lieu.
La visite commence, nous laissons nos sacs sur la place du village, un des conducteur de zem nous accompagne, un enfant tout sale (qui va à l’école et qui est le premier de sa classe…) nous attrape la main, le guide nous devance sans rien nous expliquer. Nous passons près des champs d’ignames (tas de terre), un médicament est planté pour protéger la plantation. Nous avançons dans les ruelles, à travers les cases de terre couvertes de paille. Un énorme baobab trône au centre. Nous arrivons à côté d’une gamelle de beurre de karité. Pas le temps de nous attarder, on nous appelle pour rencontrer l’un des 7 féticheurs du village. L’homme, un vieillard, sort d’une case. Il doit mesurer 1m40, peser 40kg, il a la peau toute rabougrie et porte seulement un « slip » en peau de singe et une dent de phacochère autour du cou. Il nous fait le grand jeu : populasse qui sort des maisons, longue pipe allumée avec crachat de la fumée vers nous, défilé devant nous pour nous faire sentir son odeur de crasse (il ne quitte jamais ses « habits » et ne se lave jamais). Nous lui serrons la main, un peu embêtées à l’idée de le toucher et nous ne savons pas trop comment lui adresser la parole. Je fais une petite courbette pour lui montrer notre respect. Et enfin, il s’assoit sur une pierre, sous un arbre. « Le guide » nous explique qu’il faut faire un petit cadeau pour pouvoir prendre en phot l’homme sacré. A première vue, nous ne voulons pas garder son image en mémoire. Nous demandons des explications pour justifier le prix. En fait, le féticheur prépare des « médicaments » en échange de petits cadeaux. Il protège ainsi les cultures, les champs, les maisons, le village … Nous faisons quelques photos puis Juliette demande l’autorisation de prendre le féticheur au milieu des enfants et le guide a la merveilleuse idée de m’inviter à m’asseoir près du « saint homme » qui en profite pour mettre son bras sur mon épaule pour une pose plus réussie ! Nous finissons de visiter le village avec des informations plus ou moins claires.
Arrive le moment de paiement, le guide semble déçu, nous lui rappelons qu’il doit payer un petit jeune qui nous a accompagnées. Il ne semble pas d’accord, nous payons donc le petit jeune nous-même en lui expliquant qu’il devrait faire guide lui-même.
Retour sur les zems, puis taxi-brousse jusqu’à Natitingou (Nati). L’exceptionnel cette fois-ci, c’est que nous sommes cinq dans le véhicule et que celui-ci a un sac plastique en guise de pare-brise à l’arrière et que dans les descentes il coupe le moteur pour faire des économies de carburant…

A Natitingou, énorme manque de courage, nous allons au premier hôtel venu, nous nous affalons dans une chambre d’une tristesse absolue. Apprenant qu’il n’y pas de repas ce midi (qu’il est trop tard), nous optons pour le maquis « la terrasse » juste à côté, mais là non plus pas de repas !
Là, nous rencontrons des français qui donnent leur avis sur notre programme de l’après-midi. Nous relisons le guide et choisissons donc de manger au maquis des gourmets et de nous rendre à l’hôtel Tata Somba pour obtenir des infos sur la Pendjari.
Très très longue attente (environ 3h) pour finalement choisir de partir avec l’AGAT. Nous laissons une très grosse somme d’argent au président, M. Maman, avec la promesse de le revoir le lendemain à 6h00 à notre hôtel.
Repas du soir à côté d’une ado mundhélée en pleine crise et au lit !

Petite histoire vaudou

Avant à Dassa, il y avait un roi. Celui-ci était très malade et avait décidé de mourir. Il gravit la colline, meurt dans une hutte au sommet, se transforme en serpent et redescend pour que son âme reste dans la forêt en contrebas. C’est depuis ce jour que les descendants de ce roi montent sur la « montagne sacrée » pour y faire es rites funéraires. A la mort de l’un d’eux, le corps est transporté au sommet. Toute la famille est là. Les plus jeunes s’arrêtent un peu avant et font de la musique pendant que les anciens accompagnent le corps en tapant avec un bâton sur le sol. Ils déposent ensuite le corps sur le sol et sacrifient un chevreau. Tous les fétiches sont sortis. Après, tout le monde redescend (par un autre chemin) jusqu’à la forêt où le corps est enterré.
Une fois par semaine, les femmes viennent déposer de la nourriture au sommet de la colline pour rendre hommage aux défunts.
Et une fois par an, les descends viennent faire des offrandes aux ancêtres. Plus ils donnent de choses, plus ils ont de chances de voir la somme engagée doubler dans l’année.

Fétiches

Offrandes

dimanche 25 mars 2007

Lundi 26 février 2007 : Abomey/Dassa/Djougou

Le cadre était génial (jardin ombragé, repas et nuit au même endroit, patron et serveuse aux petits soins, fraîcheur matinale et bruit de la basse-cour pour accompagner notre p’tit dej’…) mais la nuit ne fut pas si bonne avec la literie un peu déglinguée. Au moins on n’a pas eu trop chaud et on ne s’est pas fait piquer…
La journée a été longue. Nous sommes passées par tous les états : du rien, du bien être, du stress, des coups de flip… Mais revenons en au début !
Petit déjeuner pas très bon jusqu’à l’arrivée de l’ananas magique qui nous a apporté sucre et joie en ce début de journée.

En zem, en route pour l’usine de séchage des fruits tropicaux. Un peu de négoce et nous entrons chez le fournisseur d’Artisan du Monde ©. Quel choc, quelle organisation !! Tout ça est bien loin du Congo ! En effet, 40 personnes qui choisissent, pèlent, épluchent et coupent des ananas dans une hygiène quasi-totale sous les ordres d’ingénieurs agroalimentaires qui connaissent leur métier. Enfin… on imagine car l’usine est en stand-by faute d’eau. Nous en profitons tout de même pour faire quelques petits achats.


Ananas qui attendent l'eau pour être transformés


C’est reparti pour le zem (sacs à dos entre les jambes du chauffeur, c’est bien plus confortable !) On commence à apprécier ce moyen de transport surtout que la journée nous emmènera à en apprécier d’autres !
Bohicon rime avec animation, tendance à l’oppression et à vos sacs, faites attention !

A 7 dans une 505, on est presque à l’aise… Enfin, en cette fin de journée, on sait maintenant que chaque voyage en taxi brousse regorge de surprises… Celui-ci : voisin enroulé dans son costume en laine de poule qui prend toutes ses aises, une odeur nauséabonde d’essence qui nous tourne le cœur, un autre voisin qui commence son strip-tease sous l’effet de la chaleur…
Sur la route, les paysages changent. Après la savane arborée, on découvre une atmosphère plus sèche et des collines rocheuses.
A l’arrivée à Dassa, les étales se multiplient sur les bords de la route, présentant de grands tubes en plastique remplis de produits blancs. A priori pas de la dope, d’après notre voisin de la farine, d’après le guide du tapioca. A chaque étale le nom du propriétaire (exclusivité féminine) est inscrit sur une ardoise. Nous descendons au rond point de Dassa pour nous rendre à l’auberge. Nous y déposons nos sacs, commandons à manger et prenons un guide.

Thierry nous emmène dans la zone catholique de la ville où nous visitons l’énorme église construite en 2001 pour accueillir les nombreux pèlerins qui viennent se recueillir à la grotte de la vierge Marie. La décoration générale du site, et particulièrement les 4 statues (2 gardes romains, l’évêque et le pape), est vraiment kitch.

Puis nous nous rendons sur le site vaudou dans la colline. Accompagnés par de nombreux enfants, nous escaladons la colline pour arriver au lieu de rassemblement où se déroule le rituel des défunts. Statuettes, crânes, ossements et autres traces de sang jalonnent notre visite. Nous prenons le temps d’observer les vues sur la ville.
Assoiffées, éreintées, nous retournons à l’auberge pour déguster fromage peul, filet de bœuf, couscous et surtout descendre 1 litre et demi d’eau (à 1300CFA (2€) la bouteille, quel luxe !). Nous décidons à cet instant là que « santé ! » se dira désormais « Possotomé » !
Vu notre état de fatigue avancé et compte-tenu d’une température extérieure proche des 45°C, nous changeons notre programme : go to Djougou !
A la sortie de l’auberge, nous prenons un taxi-brousse. On nous offre galamment le siège avant. Derrière, ils sont 4 et nos « colis » sont déposés sur un vélo. Le coffre est maintenu fermé par un élastique cassé et rénové tous les 5cm.
1ère halte : un flic demande une réorganisation du coffre sous peine d’amende. Nos sacs se retrouvent désormais sous le vélo duquel coule de la graisse.
2ème halte : nous prenons un voyageur de plus, il est muni d’une traction de camion, d’un bidon d’huile et d’une boite de conserve non fermée et pleine d’un liquide jaunâtre. Nous sommes désormais 8 avec le chauffeur, la musique bat son plein malgré nos efforts pour la baisser discrètement et les paysages défilent devant nos yeux.
Nous croisons de nombreux camions remplis de coton, des élèves habillés de beige, cahier sous le bras et marchant d’un bon pas pour se rendre à l’école, des motards avec casque intégral et doudoune de skis et des vendeurs de sacs de charbon le long des routes. Sur les bords, les sacs plastiques ont fait place aux bouts de coton et les champs sont brûlés. Nous apercevons un cycliste blanc, au milieu de nulle part, chargé comme un baudet.
3ème halte : nous ne sommes plus que 2 mais cela ne dure que deux minutes.
4ème halte : nous battons tous les records ! 11 dont le chauffeur dans une 505 pas break.
Aux haltes suivantes, nous chargeons/déchargeons. Enfin à Basila, c’est nous qui descendons. En effet, c’est le lieu de changement de véhicule. Ca palabre, ç discute. On se rend compte que nos trajets posent problèmes tant sur la distance que sur le prix.
Finalement, on nous dépose devant une voiture, nous confirmons auprès de notre ancien chauffeur, du négociateur et du nouveau chauffeur que le prix ne changera pas et qu’on ne paiera pas une deuxième fois. A nouveau, changement de programme, on se retrouve devant une 505 break. Au lieu de lister ce qui ne marchait pas, nous pouvons noter ce qui fonctionnait normalement. Alors… euh… les portes étaient bien fermées, tellement bien qu’on ne pouvait les ouvrir ni de l’intérieur, ni de l’extérieur, es fauteuils étaient encore couverts de mousses… sales et peu épaisses mais présentes, le chauffeur démarrer avec la clé !
Dans l’auto, un fou rire nous prend : le moteur fait un bruit bizarre, les essuie-glace n’ont plus de balais et sont stopper au milieu du pare-brise, celui-ci étant couvert de pètes et de fissures, un bidon plein « d’essence » se trouvait au pied de Juliette, le chauffage tournait à fond…
Mais le pire est à venir !!!
A Pénessoulou, la voiture se vide pour se remplir beaucoup plus ! Il est 18h30, il reste 50km. Nous rêvons d’un bain mais nous en sommes loin.
Sur la voiture : une montagne de sac
Dans la voiture : 12 personnes
Accrochés derrière : 2 personnes puis 4
Et sur le tout : 1 biquette vivante.
La route reprend mais très vite le moteur tousse. Le chauffeur s’arrête, j’en profite pour sortir par la fenêtre et prendre une photo. Nous rions encore mais cela ne va pas durer… 1h00 et 15km plus tard, la voiture se vide presque entièrement. Juliette a son 1er coup de flip : le chauffeur lui demande : « Où sont vos sacs ? » Et ajoute : « C’est fini ! » Là, Juliette infirme : « Non, c’est pas fini, on va jusqu’à Djougou ! » Heureusement, l’homme ne parlait que des sacs…
Nous remontons dans la voiture, la nuit est tombée mais le véhicule n’est toujours pas arrivé ! Il s’arrête 3m plus loin pour faire on ne sait quoi. Je descends pour récupérer de quoi manger et obtenir des infos. Pour les bonbons, nous laissons tomber étant donné la quantité d’enfants autour de nous (« vous allez à l’école coranique ? » nous répètent-ils…). Et pou les news, le chauffeur a disparu… 1er coup de flip d’Hélyette : il nous a abandonnées là avec sa poubelle, on est mal, on est mal…
Ouf, il revient !
La route continue, les phares marchent, c’est déjà ça ! Mais là, 2ème coup de flip d’Hélyette : sur le bord de la route, deux voitures en panne. Au milieu de la chaussée, de gens. Le taxi ralentit, les hommes nous courent après. « Ce sont des coupeurs de route ! » pense Hélyette. Mais non, l’un d’eux grimpe sur le toit, c’est un voyageur.
Un peu plus loin sur la route, la dernière passagère descend. « Il ne reste plus que nous » pense Juliette qui n’a pas entendu le voyageur sur le toit. Deuxième coup de flip de Juliette : ils peuvent nous laisser n’importe où dans la pampa, on est mal, on est mal…
Ouf ! 20h30, nous voilà au Motel du lac. On récupère nos colis et nous entrons dans le jardin. C’est un repère de Mundhélés ! On n’a pas le temps d’y réfléchir, le barman nous informe que l’hôtel est complet. Grosse dépression dans les rangs !
« Quoi ! Mais comment on va faire ? On a juste besoin d’un lit et d’une douche, vous n’avez pas ? » En insistant un peu, on obtient qu’il appelle 2 zems pour qu’il nous conduisent jusqu’à l’Auberge de la Princesse.
« Grand Standing » et repas chaud nous y attendent. Douche et au lit !!

ABOMEY

Arrivées dans la ville, la première chose que l’on voit c’est la statue imposante de Gbehanzin. On s’interroge immédiatement sur cet homme. Et on apprend très vite que ce fut l’une des rois du royaume de Dahomey dont Abomey était la « capitale ». L’un des 12 (ou 13, selon les avis) rois d’Abomey. Chacun d’eux avait un ou plusieurs symboles et une devise, cela ressemblait à un programme politique. Aujourd’hui, on peut voir ces symboles sur les bas-reliefs des palais, ils sont aussi largement représentés sur toutes sortes de tentures. Ces rois ont longtemps luté contre les colonisateurs, avant de livrer des esclaves puis de perdre leur pouvoir avec la déportation de Gbehanzin.

Aujourd’hui à Abomey, on peut visiter deux des douze palais qui sont reliés entre eux pour une surface totale de 40ha. Chaque salle recèle des objets étranges et mystérieux que le guide vous présentera avec une distance à faire froid dans le dos.
En effet, la visite commence par les autels portatifs, un « outil » dont nous avons eu bien du mal à comprendre l’utilité. Viennent ensuite les salles où s’exposent les trophées de guerre. On découvre ainsi un trône dont les 4 pieds sont des crânes ennemis, un chasse-mouche fabriqué à base du crâne d’un ennemi et des poils de queue de son cheval…
Après ça, on apprend le dur métier des citoyens qui n’ont pas le titre de roi. Le premier ministre était aussi le bourreau, il devait trancher la tête du condamné en un coup d’épée. S’il échouait et avait besoin d’un deuxième coup, c’était pour lui. De même les amazones devaient rapporter deux crânes ennemis lors d’un combat, s’il n’y en avait qu’un, le deuxième était le leur ! Pareil pour les « tourneurs de parasol » qui devaient tourner continuellement et toujours dans le même sens, sinon… la mort !
Enfin, la visite se termine avec le passage par la chambre d’un des rois… Quand on sait que ses 400 épouses se sont portées volontaires pour être enterrée vivante avec lui à sa mort et qu’une quarantaine l’a effectivement accompagné, quand on sait que 41 captifs ont été égorgés et que leur sang a été mélangé au ciment pour la construction d’un des palais, on entre dans cette case pas très rassuré. Et en effet, après s’être déchaussé, on n’a pas envie d’y rester très longtemps ! On peut observer les offrandes journalières qui pourrissent lentement dans une gamelle et un lit couvert de poussière qui servait il y a une centaine d’année.
Après ça le tombeau avec ses fétiches n’est pas très rassurant non plus !

mardi 20 mars 2007

Lundi 26 février 2007 : Cotonou/Abomey


Levées à 7h30, nous préparons nos sacs et quittons l’hôtel dans les délais.
Nous prenons notre petit déj à l’acropole. C’est notre petit bonheur du matin : le serveur est toujours aussi sympathique, le soleil en terrasse toujours aussi agréable, le petit vent toujours autant bien venu… Ce sont les vacances !
Comme la veille, le serveur nous indique le moyen de trouver un taxi brousse pour nous rendre à Abomey.
Nous traversons une nouvelle fois la ville en direction de l’église Saint Michel. Mais là, rien. On se fait indiquer la route, difficilement. En effet, le garde de banque nous fait la description du chemin tel un Charlie Chaplin égaré en Afrique : « devant vous un boulevard (ben oui, on le voit bien, on y est !). A la station, un croisement. Une route qui part à droite, une route qui part à gauche (jusque là c’est comme tous les croisements !) Vous, vous prenez la route qui part à gauche : c’est là. » Le tout mimé avec l’ensemble du corps, on s’y croirait !
Nous finissons par trouver un départ pour Abomey/Bohicon. Le chauffeur nous fait rentrer dans son break. Nous nous interrogeons sur le nombre de personnes que peut transporter le véhicule. La réponse viendra plus tard : 7 avec le chauffeur (4 à l’arrière et 3 à l’avant) et… 2 poules. Un fou rire nous prend à la découverte de ces 2 gallinacés enfermés dans leur sac plastique et qui caquètent de temps en temps.

Mal assises, nous trouvons finalement que le trajet passe vite. Nous traversons les villages de banco aux toits de chaumes ou de tôles. Sur les bords des routes, on trouve de toutes sortes de boutiques mais celles qui nous ont laissé l’impression la plus étrange sont celles qui vendent des cercueils (appelés ici : lit mortuaire) !! Enfin, nous arrivons à la gare routière de Bohicon. Nous déchargeons 4 des passagers pour finir la route jusqu’à Abomey.

Là, nous jouons encore les randonneuses, nous décidons de nous rendre à pied jusqu’à l’hôtel. Sauf qu’une nouvelle fois, personne n’est capable de nous informer sur la route à prendre. Ici, les gens sont très sympathiques, ils nous saluent, sont prêts à nous aider mais malheureusement ils n’y arrivent pas forcément. Je ne sais pas si c’est la langue, le manque d’information, l’incapacité à lire un plan mais toujours est-il qu’ils ne savent pas nous indiquer par où passer et pire : où nous sommes !!
Après une bonne demi-heure de marche avec les sacs sur le dos, nous optons pour le transport en zem. Le choc ! Je manque de tomber emportée par le poids de mon sac et Juliette n’a aucun moyen de se tenir. On nous dépose sur une place où trônent des fétiches peu rassurants et où se trouvent l’entrée d’un bar. On se regarde, pas très rassurées à l’idée de devoir reprendre un zem parce que nous ne sommes pas au bon endroit. Heureusement, le propriétaire nous accueille avec bienveillance. Nous déposons nos affaires dans la chambre, déprimées suite à la découverte de l’absence d’eau. Heureusement, le patron nous prépare un bon repas copieux et nous le dégustons sous les manguiers. Nous prenons notre courage pour éviter de nous affaler sur le lit.
Direction : les palais des rois d’Abomey.

L'entrée du palais

Nous y rencontrons les premiers mundhélés depuis le départ de Cotonou. Le réceptionniste nous reçoit avec un grand sourire et nous lui prêtons le « Petit Futé © » pendant notre visite. En effet il veut ouvrir une agence de voyage et s’intéresse aux activités proposées par le guide.
La guide du palais est un peu distante au début, elle nous récite son texte appris par cœur. Mais avec nos questions et à force de la faire répéter, elle commence à se dérider un peu. La visite fut très intéressante, nous sommes encore toutes chamboulées à l’idée de sacrifices humains, d’épouses enterrées vivantes, d’esclaves vendus contre un canon (21 femmes belles et grosses poitrines ou 15 hommes bien battis)
Enfin, le côté vaudou ne nous rassure pas des masses…
Après la visite du marché artisanal où nous avons l’intention de revenir, nous rentrons à pied jusqu’à l’hôtel.

Farniente à l'hôtel


En sueur et très crades, nous nous avachissons sur les chaises que nous ne quitterons que pour aller nous laver et nous coucher.

lundi 19 mars 2007

Ganvié

Cité lacustre située à 18km de Cotonou. On s’y rend en taxi au départ de Cotonou ou de Bohicon pour un montant de 1000 à 2000CFA par personne puis en pirogue. En effet, l’embarcadère est à Abomey-Calavi. C’est aussi la ville où les habitants de Ganvié vendent les produits de leurs pèches.

Au XVIIIème siècle, les Ganviénu fuient les razzias esclavagistes et construisent une ville sur le lac Nokoué. Les maisons sont alors en bois avec toit de chaume, le tout monté sur pilotis. Aujourd’hui, on trouve d’autres types de matériaux comme le béton ou la tôle. 20000 personnes vivent dans cette ville où l’on trouve plusieurs écoles et bar/hôtel. Les habitants s’y déplacent en pirogue mais la construction d’un pont a commencé.La technique de pêche utilisée par les habitants de Ganvié s’appelle l’akadia. Il s’agit en fait de faire sécher des plans puis de les installer au fond de l’eau où ils pourrissent et attirent les poissons par leur odeur alléchante…
Les plantes qui sèchent pour pourrir ensuite au fond de l'eau

vendredi 16 mars 2007

Dimanche 25 février 2007 : Ganvié/Cotonou

1.Embarcadère pour Ganvié




2. Pirogue à rame et à voile













3. Ganvié






Vue l’heure tardive d’arrivée hier, nous avions décidé de rester encore une nuit à Cotonou et de profiter de la journée pour visite la ville.
Réveillés par les matines, nous nous rendons à l’acropole pour un petit déjeuner complet. Les béninois sont toujours aussi sympathiques puisque le serveur nous offre le supplément de pain et nous indique la route pour nous rendre au marché de Dantokpa (le 2ème par sa taille d’Afrique de l’Ouest) et le moyen de visiter Ganvié.
Nous partons donc à la découverte de la ville.
Au marché, tout le monde nous prévient de faire attention. Sures de nous, nos sentiments virent à l’inquiétude lorsque l’on découvre les étals vides.
Nous retournons voir le petit vendeur qui doit trouver un drapeau bénibois pour François, le mari de Juliette. Nous attendons dans la boutique : banc et ombre, nous sommes aux anges !
Le vendeur arrive avec le drapeau et nous propose de l’acheter pour la modique somme de 25 000CFA (40€). A l’annonce qu prix, nous hésitons entre a crise cardiaque et la fuite.
Finalement, avec nos cris et une négoss, nous obtenons le bout de tissu et son mat (que nous laisserons le lendemain dans notre chambre) pour 7000CFA. En prime, le vendeur nous conduit jusqu’au départ des taxis devant le VRAI marché de Dantokpa.

Trajet « chaotique » dans l’odeur d’essence et arrivée à l’embarcadère d’Abomey-Calavi.
Là, quelle agitation ! Il y a des vendeurs de chapeaux, de souvenirs, les responsables des pirogues et tous les villageois qui vendent leurs pèches et achètent des matières premières.
Etienne, notre guide, nous accompagne jusqu’à notre pirogue « à rame et à voile ». Et là, commence un trajet sans nom. Nous ne cessons de répéter qu’on est bien en vacances, on se laisse bercer par le mouvement de la pirogue. De temps en temps, Etienne nous fait un commentaire, nous expliquant ainsi l’Akadia (pèche du village de Ganvié).
Sur l’eau, les pirogues à moteur nous doublent et nous croisons d’autres embarcations qui viennent de Ganvié. Nous faisons sensation avec notre voile Snoopi mais les mundhélés (« Yovo » ici) rabaissent leurs appareils en nous voyant…
Les enfants nous disent : « Bonjour monsieur, donne moi cadeau ».
Nous interrogeons Etienne : « qui de nous deux ressemble le plus à un homme ? » Il nous explique que les gens ne savent pas ce que veut dire la phrase qu’ils ont apprise par cœur.
Nous apercevons, au loin, Ganvié. La ville a poussé sur l’eau comme des nénuphars. Nous circulons entre les maisons sur l’eau. Le piroguier nous dépose dans les boutiques d’artisanat. Nous sommes décidées à ne rien acheter : c’est le début du voyage ! Finalement, nous fondons toutes les deux devant la carte d’Afrique cousue. Et voilà, nos sacs sont déjà pleins !
Retour sur la pirogue, nous commençons à nous assoupir sous le soleil et dans la petite brise.
Petite marche, arrivée à Cotonou via un taxi tout déglingué. Nous voulons manger à « l’igname pilé » mais le resto est fermé le dimanche. Nous traversons donc la route pour nous retrouver dans un cadre digne de Lifoula ou le jardin des saveurs.
Après le repas, notre objectif est d’atteindre la gare ferroviaire afin d’acheter nos billets pour le lendemain. Nous décidons de nous y rendre à pied. 5km après, la fatigue dans les pattes, les odeurs dans le nez, les images du marché et de l’océan dans les yeux. Nous optons pour un retour à l’hôtel.
Repos, douche, internet et pizzeria type Mc Do sont les activités du soir avant notre coucher : vannées !!

Samedi 24 février 2007: Brazza/Cotonou

L’avion devait partir à 15h30, il est bientôt 15h et il n’est toujours pas sur la piste d’aéroport. Heureusement, Juliette et François m’ont invitée à manger, à faire une petite sieste et à attendre le départ…
Finalement, après 1h30 d’attente à l’aéroport, après avoir joué des coudes pour ne pas trop se faire doubler, nous arrivons en salle d’attente.
Là, surprise ! Nouveaux sièges, service d’un petit encas pour patienter.

Le vol se passera sans problème. Quelques secousses, une descente difficile sur Cotonou mais arrivées saines et sauves !
Premier regard sur le pays : clean, aéroport ultra rapide.
Par contre, dans le hall d’accueil, ça change. Un homme nous propose un taxi, nous sommes d’accord mais une autre personne souhaite nous conduire ailleurs. En cinq secondes, nous faisons l’animation, il y aune dizaine de personnes autour de nous, tous se disent chauffeurs de taxi et se traitent de brigands. Finalement, une lumière nous vient, nous demandons au 1er chauffeur : « vous avez une voiture ?
- Non, une moto. »
Sur les conseils de Corinne (une collègue qui a vécu 3 ans à Cotonou) et avec nos gros sacs, nous allons avec le deuxième gars : pas de zem la nuit !
En effet, dehors, un petit écriteau lumineux nous indique : « pour votre sécurité, prenez les taxis ici. »
A 3000Frs la course, nous traversons la ville pour nous rendre à l’hôtel Crillon. Nous interrogeons parfois le chauffeur mais nous restons surtout silencieuse, les yeux ouverts sur la ville.
A l’hôtel, nous nous installons et nous arrivons à une première conclusion : à première vue, on peut avoir confiance, les gens que nous avons croisé avaient l’air honnête.
Nous soupons à l’acropole avant de nous coucher, exténuées.